Moutoufs
“Moutoufs. C’est comme ça qu’on nous appelait, nous, les Marocains, dans la cour de récré. Aujourd’hui ça nous fait rire. Mais seulement aujourd’hui. D’autant que nous, on n’est même pas des vrais Moutoufs. Seulement des semi-Moutoufs.”
Ce spectacle, c’est l’histoire de cinq Belges qui ont un père marocain. Ça aurait pu être aussi l’histoire de cinq Marocains qui ont une mère belge. Sauf que non, justement.
Il y a des casseroles qui se battent en duel dans la valise identitaire qu’ils trimbalent tous les cinq. Ils se sont réunis pour parler de comment chacun d’eux s’est débrouillé avec le fait d’être Belge mais d’avoir un père marocain, d’être Marocain mais de ne pas connaître l’arabe. Parler de leurs colères héritées et dont ils ne savent plus rien. De la gêne du gène. Du racisme intégré et digéré, comme un virus invisible. Parler du risque d’oublier et de se perdre. Parler de poils sur les bras, de tache originelle, d’exotisme, de saucisson pur porc, d’identité délavée, de couscous, de prépuce, de transmission avortée, de tourisme, de religion, de retour à la Terre…
Que restera-t-il de leurs pères ? Que choisiront-ils de transmettre à leurs enfants ? Un spectacle panaché et bigarré, comme eux, enquêtant sur ce Moutouf logé en eux, qui pourrait se résumer en trois mots : d’où vais-je ?