Jonathan ou la marge de manœuvre

Qu’est-ce qui nous arrive? Les politiques migratoires en question (S1-E6)

Jonathan Unger est un ancien collègue du CBAI. Lors des démarches pour la reconnaissance de son second enfant, une nouvelle loi l’oblige à retrouver le certificat de naissance de sa femme belgo-rwandaise. Grâce à sa connaissance des administrations et sa posture d’homme blanc universitaire, il va contraindre l’employé administratif à utiliser sa marge de manœuvre.

 

Le podcast se clôture avec les histoires de Jean Bofane, écrivain, qui rebondit sur le récit de Jonathan pour livrer ici une réflexion sur les nouvelles politiques migratoires en Belgique.

Pour en savoir plus…

 

Les nouvelles politiques migratoires semblent se resserrer comme un étau. Quel tournant prennent-elles? Le CBAI a lancé une série de podcast “Qu’est-ce qui nous arrive? Les politiques migratoires en question” pour comprendre les enjeux négociés aux guichets des communes.

 

Les six épisodes de la série radio mettent l’accent sur les conséquences que peuvent avoir des nouvelles lois de politiques migratoires sur les citoyens. Que ce soit la polémique née de la venue en Belgique de fonctionnaires soudanais pour identifier des migrants en vue de leur retour au pays ou les nouveaux centres fermés en cours d’aménagement dans lesquels le gouvernement détient des familles avec enfants, ce type de mesures consacre la domination d’un imaginaire politique qui projette les migrants indésirables sous la figure de l’étranger menaçant.

 

Dans notre compréhension, les mesures liées aux nouvelles politiques migratoires dénotent, à l’encontre de certaines personnes, un durcissement croissant par lequel, à la mise en place d’une réforme, succède une autre encore plus contraignante. C’est ainsi que, progressivement, les composantes de l’État de droit et les protections fondamentales sur lesquelles repose ce dernier sont mises à mal, toujours un peu plus. Ces mesures sont-elles de l’ordre du déjà vu ou au contraire revêtent-elles un caractère sans précédent? Quels regards portent les migrants sur ces dispositifs juridiques contraignants? Qu’en pensent des artistes belges dont le vecteur principal est la parole?

 

Ainsi, ce projet offre des histoires vécues, incarnées par des voix aux multiples accents et couleurs. Le récit individuel favorise l’empathie, bouleversant les frontières entre “nous” et “eux”. Le parcours personnel devient témoin d’une société qui dysfonctionne, qui joue avec les limites du croyable et du crédible. En effet, ces témoignages de démarches juridico-administratives incongrues racontent les petites histoires dans la grande histoire. Ils s’inscrivent dans des enjeux très actuels et, en approchant les défis auxquels sont confrontées les personnes en attente de l’obtention d’un titre de séjour, de l’accès à la nationalité, de la reconnaissance d’enfant ou d’une cohabitation légale, c’est bien un racisme structurel et institutionnel qui émerge des différents récits.

 

Avec les éclairages artistiques de Jean BofaneKenan GörgünDaniel Hélin, Véronique Gallo, Safia Taboudrart  et Joëlle Sambi, le podcast nous emmène dans les méandres des administrations belges. Il pousse la porte de la réalité vécue, par la voix même de ceux et celles qui l’expérimentent. La réalité absurde est ainsi rendue intelligible à travers l’émotion du récit et par l’aide d’une médiation artistique. Le message global émergeant de cette série interroge tout simplement nos origines. Cela nous mène à prendre conscience que le fait d’être belge est sans doute une construction sociale. Et la mécanique des épisodes contribue à faire émerger cette question transversale, certes naïve, mais si contraignante dans les parcours d’accueil et d’intégration. Car finalement, c’est quoi, être belge?