#362 - mai/juin 2022

A quoi sert (encore) l’interculturel ?

Les compétences interculturelles sont des capacités psychosociologiques permettant aux personnes (et pas uniquement à celles issues de l’immigration) de faire face, de manière plus ou moins ” efficace”, à des situations complexes engendrées par la multiplicité des référents
culturels, dans des contextes sociaux, économiques et politiques inégalitaires »1.

 

De plus en plus inégalitaires, pourrait-on renchérir. Dans un contexte où les crises se multiplient et se durcissent, la question de l’efficacité de l’interculturel n’est pas rhétorique. Des critiques pointent les limites de cette approche, son incomplétude, voire sa mièvrerie au vu des défis actuels de cohésion sociale. Il est vrai que les effets de l’interculturel sont d’autant moins spectaculaires que le long terme est notre urgence. Néanmoins, ce constat n’a jamais empêché les formatrices et formateurs de questionner leur méthode pour tenter de mieux la charpenter à nos sociétés multiculturelles.

 

Profitant des réflexions collectives brassées au sein de Zelda, projet européen de formation à l’interculturel impliquant le CBAI et 5 autres associations, nous avons ouvert le débat sur base de pratiques à l’oeuvre en Belgique, en France, en Italie et en Hongrie. Ces réflexions critiques sont des jalons pour continuer à (re)nouer les relations entre les êtres humains, aussi modestes que soient les résultats, aussi proche que soit l’instant des dangers pour notre démocratie affaiblie dans ses fondements.

 

[1] Manço Altay, Compétences interculturelles des jeunes issus de l’immigration. Perspectives théoriques et pratiques, 2002, Paris, L’Harmattan

SOMMAIRE

Les invisibles

Pascal Peerboom

Quelle époque en effet pour être formatrice interculturelle!

Diana Szanto

L’anthropologie et l’approche interculturelle sont les deux faces d’une même pièce, l’une visant à comprendre et à traduire, l’autre à éduquer patiemment afin de transformer la société.

 

40 ans de pratique interculturelle: itinéraire trépidant

Ariella Rothberg

L’intervenant en formation interculturelle se doit de savoir réagir sur des questions d’actualité, lesquelles pourront l’obliger à travailler parfois dans des directions qu’il n’aura pas prévues.

 

Kizoba zoba et Pashtounwali: une rencontre improbable

Basile Nzolameso

Que faire quand les réponses que nous avions construites pour faire face aux difficultés d’encadrement de nos bénéficiaires ne tenaient plus la route?

 

L’expérience de la Cooperativa Ruah à Bergame

Francesca Beloti et Bouchra Gzouly

Comment repenser le profil de formateur interculturel dans le contexte d’accueil des migrants que connait l’Italie depuis 2011?

 

Mettre en scène, être en scène

Pernicola Di Pirro

Quelques considérations sur l’utilisation du théâtre en formation, dans le cadre de l’approche à la communication interculturelle.

Il slame radical

Entretien avec Nicolo Gugliuzza

Nicolò Gugliuzza raconte ses allers-retours entre l’Italie et la Belgique, entre le français et l’italien, entre la rime et la prose. Il fait partie du collectif slameke.

Etre Afro en Tunisie

Entretien avec Saadia Mosbah

« Aux yeux des Tunisiens, être Noir c’est être uniquement descendant d’esclaves. Nous ne sommes pas acceptés en tant qu’autochtones d’Afrique du Nord », témoigne Saadia Mosbah, fondatrice de Mnemty.

Conner Molenbeek

Dessin de Barrak Rima, texte de Massimo Bortolini

Derrière l’exil, des projets de vie

Entretien avec Sarah Degrée

Comment nommer l’Autre et ses réalités? Comment ne pas s’approprier ni déformer son vécu? Comment construire un savoir sur l’immigration syrienne qui soit au plus juste?

Dans ta langue

Texte de Geneviève Damas, photo de Lieven Soete