#325 - avril 2015
Radical libre
#325 - avril 2015
Radical libre
Comment écrire un dossier sur le phénomène de djihadisme sans passer par les mots “radicalisation” et “déradicalisation”? Et aussi, pourquoi essayer de les éviter? Ces mots en eux-mêmes ne nous font pas peur. Par contre, tout ce qui gravite autour, dans le jeu des interactions sociales et des interprétations de chacun, dans un contexte de suspicion…, tout cela n’aide pas à apaiser le discours. Car ces termes posent des étiquettes, à partir souvent d’une apparence ou d’une présumée appartenance. Des étiquettes sur des jeunes, sur des familles, sur une population musulmane hétérogène et bien plus intégrée qu’on ne le dit. Admettre cette diversité peut-il aider à un dialogue plus serein, à un débat où il n’y aurait pas que deux postures possibles?
Celles et ceux qui ont alimenté ce dossier le répètent au fil des pages: “Le dialogue est le squelette qui permet au corps social de tenir debout”, il nous faut descendre “dans l’arène de la discussion sans nous réfugier dans la provocation facile”, ou encore jeter des passerelles entre la police, les jeunes, les journalistes. Un premier grand pas serait donc l’écoute et l’échange. Un constat quelque peu déprimant pour ceux d’entre nous traversés par l’illusion que nous avions déjà dépassé cette étape…
Mais revenons à la racine “radical”. Etre radical n’est pas un problème en soi. Si nous consultons notre ami Robert, nous lisons: “qui vise à agir sur la cause profonde des effets qu’on veut modifier”. Etre radical libre, c’est oser poser toutes les questions au delà des tabous, en toute liberté de penser, sans rejeter la responsabilité sur l’un ou l’autre. Sans jugement, ni accusation, ni victimisation, ni déni.
Ceci n’est pas un mode d’emploi “contre djihadisme”, mais des propositions à construire pour vivre ensemble. Et surtout faire ensemble.
Nathalie Caprioli
SOMMAIRE
Comment écrire un dossier sur le phénomène de djihadisme sans passer par les mots “radicalisation” et “déradicalisation”? Et aussi, pourquoi essayer de les éviter ?
Que faire pour démystifier le phénomène de radicalisation viloente et freiner l’engrenage idéologique ?
De quelles violences de société les conduites radicales se font-elles l’écho?
Décodage avec Jérôme Jamin, auteur de L’imaginaire du complot. Discours d’extrême droite en France et aux Etats-Unis.
Si le mouvement antiraciste s’avère incapable de s’aligner sur un cahier de revendications communes, il est vain d’espérer mettre en mouvement la société dans sa diversité.
Entretien avec Youssef Seddik
Libre penseur musulman tunisien, Youssef Seddik voudrait que le débat sur l’islam s’ouvre “à n’importe quel citoyen armé de bon sens”.
Entretien avec Abdennour Bidar
Abdennour Bidar signe un Plaidoyer pour la fraternité où il appelle musulmans comme non musulmans à “se responsabiliser sans accuser”.
David D’Hondt
Comment l’annonce de Francis devenu Ali offre au prof de religion catholique d’une classe l’occasion de proposer un cours radicalement différent.
Jacques Cornet
Ne pas participer à la fonction dominante de l’école qui est d’élire et d’exclure et d’exclure pour élire, suppose un engagement radical dans une tout autre école pour une tout autre société.
Sarah Van Doosselaere
Focus sur des actions concrètes mises en œuvre sur le terrain pour la prévention de la “radicalisation” de jeunes.
Le collectif Aux parents concernés conseille ceux et celles qui ne trouvent aucune oreille attentive concernant le départ de leur enfant en Syrie.
Comment parler des jeunes embrigadés dans le djihad? Quel ton choisir pour ne pas tomber dans le jugement facile?… Et si on essayait l’humour?
L’asbl Loupiote a créé un outil pédagogique pour pallier la cyber haine.