Festival Cinéma Méditerranéen de Bruxelles
Turistler
Bige Berker & Heleen de Wit
Un film de Bige Berker et Heleen de Wit
Belgique | 1974 | 45′ | VO TR ST FR
16 juillet 1964. Quelques mois après le Maroc, la Belgique signe avec la Turquie un accord d’envoi de main-d’œuvre qui inaugure 60 ans de présence turque en Belgique. Une décennie plus tard, en 1974, les cinéastes Bige Berker et Heleen de Wit réalisent le documentaire Turistler (« Touristes* »). Cette commande de l’Union des Travailleurs de Turquie en Belgique (BTIB) est un témoignage de première main, une description saisissante des conditions de vie, de travail et de logement de la première génération d’immigrés, mais aussi un appel vibrant à l’entraide et aux solidarités ouvrières.
Pour marquer ce double anniversaire, Cinemamed et ses partenaires mettront l’immigration turque sous le feu des projecteurs avec la présentation exceptionnelle de Turistler, dans une version sous-titrée inédite.
La projection sera suivie d’une rencontre-débat avec des chercheurs et des témoins qui esquisseront à travers des histoires singulières un portrait varié, croisé et pluriel de la diaspora turque en Belgique.
Avec la participation de Bige Berker (réalisatrice), Heleen de Wit (réalisatrice), Harun Özdemir (musicien), Mazyar Khoojinian (docteur en histoire contemporaine), Bahar Kimyongür (écrivain et traducteur), Ülkü Dursun (psychologue clinicienne et artiste).
Modération : Nathalie Caprioli (journaliste, imag/CBAI).
*Dans l’imaginaire collectif turc des années 60 et 70, le « touriste » désigne un travailleur migrant qui arrive en Europe hors convention et sans contrat de travail, muni d’un simple visa touristique.
Dans le cadre du Cinemamed – Festival Cinéma Méditerranéen de Bruxelles.
En collaboration avec le CBAI, Plateforme 50 et le Centre socioculturel alévi de Bruxelles (CSAB).
Concert
Chants d’exil – Gurbet Türküleri
La soirée se clôturera par une carte blanche confiée au musicien Harun Özdemir, fils d’un des principaux protagonistes de Turistler. Avec ses nombreux invités, il nous plongera dans un voyage musical à la découverte des sons qui ont bercé, sur trois générations et depuis 60 ans, les populations originaires de Turquie. Des musiques que les migrants ont apportées dans leurs valises, entre la nostalgie du pays perdu et les récits poignants de la vie en exil, entre le répertoire poétique des achiks, les troubadours itinérants anatoliens, et les cris de révolte des chants de résistance qui n’ont rien perdu de leur force.
Avec Harun Özdemir (saz, chant), Ferhat Dogan (saz, kaval, chant), Miran Güney (percussions), Ilhan Eken (saz), Marù (chant), Hasan Arslan (saz, chant), Siavach Yazdanifar (percussions), Dilan Avci (chant), Ülkü Dursun (chant), Nihat Kemal Ates (textes).
Les réalisatrices
Bige Berker
Née à Istanbul en 1941, Rabia Bige Berker vit à Bruxelles depuis 1971. Elle a fait toute sa carrière professionnelle à la RTB(F) comme monteuse et documentariste. Diplômée de l’INSAS, Bige Berker entre en 1974 à la télévision publique belge. La même année, avec sa complice hollandaise Heleen de Wit, elle signe sous le pseudonyme d’Ayşe Taşcı le film Turistler (« Touristes »), dédié à la vie et aux combats des travailleurs immigrés en provenance de Turquie. A la RTBF, elle collabore à de nombreux reportages, notamment pour les magazines « À Suivre » et « Strip-Tease ». En 1992, elle co-réalise avec Benoît Mariage le documentaire Elif ou le choix de Chantal.
En 1993, elle réalise Un Village Anatolien, un portrait de l’écrivain Mahmut Makal, dont les textes ont été traduits en français dans la prestigieuse collection « Terre Humaine » (Un Village anatolien, Editions Plon, 1963). Dans ses récits sans concession qui ont eu un retentissement considérable en Turquie, Makal, instituteur en milieu rural, s’est fait le porte-voix des paysans turcs longtemps privés de paroles et porte un regard impitoyable sur l’état misérable des campagnes anatoliennes. A travers la figure de Makal, la réalisatrice renoue avec l’histoire méconnue des Instituts villageois (Köy enstitüleri), un réseau d’établissements professionnels aux méthodes pédagogiques novatrices qui a formé de 1940 à 1954 près de 20.000 instituteurs de campagne sélectionnés parmi les jeunes paysans.