#326 - juin 2015

Police et diversité

Le choc des malentendus ?

Intégrer la diversité dans la police ne date pas d’aujourd’hui. Depuis plus de vingt ans, formateurs à l’Ecole nationale de police, intervenants du secteur associatif ou du Centre (interfédéral) pour l’égalité des chances s’y attellent. Une politique de gestion de la diversité dans les ressources humaines fait aussi partie de la culture maison depuis quinze ans. En tous cas, il existe une Cellule et une Charte Diversity… même si elles ne sont pas encore connues de tout le personnel.

 

On sait que ces débats de fond qui visent à changer les mentalités se travaillent sur le long terme. Mais quel bilan tirer à ce jour? Comment se comportent les gardiens de la paix face aux Roms, aux homosexuels, aux transsexuels, aux jeunes de quartier populaire, aux personnes sans papiers, aux SDF, aux minorités ethniques? Bref, comment répondent-ils à la diversité entre eux et sur le terrain?

 

Le point de départ à ces questions est toujours pareil: identifier les préjugés et stéréotypes des uns sur les autres. Comment certaines minorités perçoivent-elles les gens d’armes? et réciproquement? Qu’est-ce qui se construit dans la tête de chacun? Et qu’est-ce qui se joue dans les face-à-face? Animosité, haine, peur, mépris. Mais pas toujours: par exemple, des Roms en contact avec l’asbl Le Foyer estiment les policiers “gentils”… comparés à ceux auxquels ils sont confrontés en Roumanie ou en Bulgarie. Une chose est sûre: ces deux mondes s’ignorent, et l’abus de la force de l’ordre reste trop souvent impuni, même si la Belgique n’est pas la Caroline du Sud.

 

Pour passer des tensions et suspicions au dialogue, il faut comprendre ce que l’autre a dans le ventre, comment il fonctionne. Ce dossier explore quelques pistes et expériences en chantier. Pas de formule miracle pour s’inventer de nouvelles relations mais beaucoup de bonnes volontés!

 

Nathalie Caprioli

SOMMAIRE

Police et diversité : le choc des malentendus?

Nathalie Caprioli

Le point de départ à ces questions est toujours pareil: identifier les préjugés et stéréotypes des uns sur les autres.

Enseigner la diversité à la police, une réflexion permanente

Alain Simon

Dans une institution comme la police, introduire la diversité comme valeur ne constitue pas une sinécure.

  

Le long cheminement de la diversité

Saïd Halimaoui

Témoignage d’un sociologue qui a travaillé plus de 23 ans à la Police. Regard rétrospectif et plaidoyer pour un retour à la police de proximité.

 

Le mode d’emploi de la diversité n’existe pas

François Henneuse

Le Centre interfédéral pour l’égalité des chances travaille avec la police intégrée de façon étroite depuis près de 20 ans.

 

Résignation et préjugés

Ani Paitjan

Comment construire un dialogue entre les instances publiques, parmi lesquelles la police, et les Roms?

 

Des Rainbow Cops formateurs

Sébastien Rondia

Rainbow Cops Belgium – LGBT-Police. Ou comment oblitérer les concepts d’orientation sexuelle et d’identité de genre dans le corps de police.

  

Le silence imposé de la servitude

Didier Van der Meeren

Plusieurs personnes sans-papiers nous indiquent une augmentation des contrôles policiers dont elles font l’objet.

  

20 ans de politique du “chuuut!”

Entretien avec Hamid Benichou

Né citoyen avant de devenir policier, Hamid Benichou a un franc-parler qui ne laisse pas indifférent.

 

Police et jeunes : (r)établir la confiance

Ani Paitjan

Qualifiée de commune de délinquants, Vilvoorde tente de se défaire de cette image qui lui colle à la peau.

  

Le pari de la Cellule Diversity

Entretien avec Isabelle Diependaele

La Cellule Diversity travaille à deux niveaux: la gestion des ressources humaines et la formation des policiers.

Jouons à être égaux !

“Genre… Tu vois ce que je veux dire?” est à la fois livre et jeu.

Une reconnaissance qui concerne l’humanité

Bernard Coulie

Comment comprendre les blocages à la reconnaissance du génocide des Arméniens, et le négationnisme d’Etat en Turquie, lequel se répercute dans une partie de la diaspora turque?

 

Se vivre arménien

Table ronde

Quatre jeunes belgos arméniens âgés de 25 à 30 ans, nés en Belgique, en Arménie ou en Turquie, nous parlent de leur identité.