Bruxelles, capitale gnawa

Hicham Bilali & Black Koyo

Pour leur première collaboration, le Centre culturel d’Uccle, le CBAI et BRuMM mettent à l’honneur la culture gnawa.

 

A l’occasion de la sortie de son livre Musiques Gnawa à Bruxelles. Pratiques et formes rituelles en diaspora (Vrin, Paris, 2024), Hélène Sechehaye animera une conférence musicale ponctuée par des performances du maalem (maître) Hicham Bilali et de son groupe Black Koyo.

 

Bruxelles compte la plus importante communauté gnawa d’Europe. Cette confrérie marocaine aux racines subsahariennes, se compose de musiciens, d’officiants rituels, de leurs adeptes et de mélomanes. À Bruxelles, des Gnawa perpétuent le répertoire musical et le rituel nocturne de la lãla, exutoire des souffrances par la pratique de la transe. Ils réinvestissent le sens de ce rituel, notamment dans un renforcement des affiliations identitaires régionales, nationales et transnationales par les choix musicaux effectués dans le répertoire, la forme et le style. Pour Hélène Sechehaye, le déplacement apparaît comme central dans l’expérience gnawa, car il est à l’origine de la communauté, née de la migration forcée des ancêtres subsahariens au Maroc. Son enquête ethnographique permet ainsi de reconsidérer la migration vers Bruxelles non pas comme une rupture, mais comme une expérience partagée de l’exil rapprochant les Gnawa arrivés en Belgique de leurs ancêtres arrivés au Maroc.

 

Hélène Sechehaye est ethnomusicologue spécialisée dans les pratiques issues de l’immigration. Elle enseigne au Conservatoire Royal de Bruxelles (département Rythmes et Rythmiques) et poursuit ses recherches sur la musique populaire marocaine grâce à une bourse postdoctorale FRS-FNRS à l’Université Libre de Bruxelles (LaM – Laboratoire de Musicologie de l’ULB).

 

Né à Fès d’une mère marocaine et d’un père aux origines sénégalaises, Hicham Bilali débute son initiation sous l’enseignement du maalem Hamid Dqaqi. Par la suite, il accomplit le rite de passage auprès des plus grands maalem à travers le Maroc, notamment Hamed Bakbou et Mokhtar Guinea. À Bruxelles depuis une dizaine d’années, Hicham s’est entouré de musiciens issus des grandes familles gnawa.

 

À partir de 19h, Hicham Bilali et ses musiciens défileront au cours d’une procession en plein air depuis le Parvis Saint-Pierre, au son des qraqeb (castagnettes composées de deux pièces métalliques), du tbel (tambour porté en bandoulière) et du guembri (luth basse à trois cordes).

 

Un événement organisé dans le cadre des “Dialogues interculturels” du CBAI.

BRuMM

Bruxelles Musiques Migrantes

 

Depuis 2018, le festival BRuMM est dédié à la promotion des musiques migrantes à Bruxelles. Ville-Monde par excellence, avec plus de 180 nationalités différentes, Bruxelles est le lieu d’existence de répertoires musicaux très riches et d’une grande diversité. Les musiques venues d’ailleurs sont désormais d’ici. Elles se sont perpétuées et réinventées dans un contexte socioculturel bien différent des sociétés qui les ont vues naître. Elles font partie du patrimoine musical bruxellois. Avec le Festival BRuMM – Bruxelles Musiques Migrantes, nous souhaitons participer à leur décloisonnement en créant des espaces de rencontres, de connaissances et d’expériences partagées. Le festival allie concerts, journée d’études, résidence de créations, activités de médiation et productions audiovisuelles.

 

CHANTS D’UN PAYS PERDU

Douleurs de l’exil et nostalgie dans les musiques migrantes

 

Chaque année, les partenaires de BRuMM définissent un thème qui sert de fil rouge à la programmation. En consacrant cette édition aux douleurs de l’exil et à la nostalgie, nous tenions aussi à  rendre hommage à Bernard Lortat-Jacob, figure centrale de l’ethnomusicologie qui nous a quittés l’été dernier à l’âge de 83 ans. Avec l’accord de son épouse Maria Manca, nous avons emprunté le titre du film documentaire qu’il avait co-réalisé avec Hélène Delaporte en 2007 : Chant d’un pays perdu. Nous n’aurions pas trouvé mieux. C’est donc avec une certaine émotion que nous vous invitons à explorer les esthétiques musicales nourries par l’expérience migratoire où la brûlure de la séparation, les épreuves du déracinement et le souvenir nostalgique de la terre qu’on a quittée sont autant de forces créatrices.

 

INFOS : www.brummfestival.be

 

BRuMM est un projet coordonné par le Centre Bruxellois d’Action Interculturelle (CBAI), en partenariat avec La Villa (centre culturel de Ganshoren), la Maison de la Création – MC Bockstael (Laeken), Le Senghor (centre culturel d’Etterbeek), La Maison des Cultures et de la Cohésion Sociale de Molenbeek, le Centre culturel d’Uccle, en partenariat avec le Centre d’Etudes de l’Ethnicité et des Migrations  (CEDEM-ULg) et Digital TransMédia.